Restrictions à la liberté de circulation : la FIDH dénonce une atteinte au droit à l’honneur de Pierre Espérance par les autorités dominicaines

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, un partenariat de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT dit avoir été informé des restrictions à la liberté de circulation imposées par les autorités dominicaines et atteinte au droit à l’honneur du directeur exécutif du RNDDH Pierre Espérance.
La FIDH rappelle que depuis le 14 avril 2023, le président de la République Dominicaine, Luis Abinader, dans un communiqué portant sa signature, a publié une liste de personnalités haïtiennes interdites de séjour en République dominicaine car elles représenteraient une menace pour le pays. Sur cette liste, figure le nom de Pierre Espérance, aux côtés de criminels, de membres du secteur privé des affaires et de personnalités politiques, sans qu’aucun motif ne soit avancé pour justifier une telle inscription.
L’Observatoire rappelle également que ce n’est pas la première fois que Pierre Espérance est visé pour ses activités de défense des droits humains, et qu’il est régulièrement la cible, en Haïti, de menaces de mort et d’attaques de la part des autorités et des gangs armés haïtiens.
« En mars 2022, une rencontre a eu lieu à Kenscoff, au sud de Port-au-Prince, entre une dirigeante influente du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) et 13 autres personnes non identifiées, au cours de laquelle il a été question de futures attaques envers les membres du RNDDH et de la planification de l’assassinat de Pierre Espérance. Par ailleurs, en juin 2021, Jimmy Chérizier alias « Barbecue », chef du regroupement des gangs armés appelé G-9 an fanmi e Alye, avait publiquement proféré des menaces de mort à l’encontre de Pierre Espérance » proteste la FIDH.
Le 23 avril 2019, une rencontre de planification de l’assassinat de M. Espérance s’était tenue au Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales en présence du Ministre lui-même et de Jimmy Chérizier alias « Barbecue », dont les hommes avaient effectué des reconnaissances à caractère intimidant aux abords du local du RNDDH. Le RNDDH a également fait l’objet d’attaques et de menaces par le passé. De nombreuses plaintes concernant ces attaques et actes d’intimidation ont été déposées devant les autorités policières, sans que celles-ci ne soient jamais suivies d’effets.
Pierre Espérance est par ailleurs victime d’un harcèlement judiciaire constant en raison de ses dénonciations de la connivence des autorités avec les bandits armés et de cas de corruption au sein de la magistrature haïtienne. Pour autant, des individus impliqués dans la perpétration et l’organisation de massacres de populations civiles dénoncés par le RNDDH, ne sont ni arrêtés, ni poursuivis. Ils sont très influents au sein de l’actuel gouvernement de facto, et menacent Pierre Espérance.
L’Observatoire dénonce l’inscription arbitraire de Pierre Espérance sur la liste des personnalités représentant une menace pour la République Dominicaine ainsi que les restrictions à sa liberté de circulation et l’atteinte à son droit à l’honneur que cette inscription engendre, en ce qu’elle ne semble viser qu’à le réduire au silence et à le sanctionner pour ses activités légitimes de défense des droits humains.
L’Observatoire rejette cette action du gouvernement dominicain qui stigmatise et menace l’intégrité physique et psychologique de Pierre Espérance qui, depuis l’apparition de son nom sur la liste, aurait vu les attaques à son encontre augmenter, notamment sur les réseaux sociaux où les incitations à attaquer les locaux du RNDDH et à s’en prendre à son directeur exécutif sont légion.
L’Observatoire enjoint les autorités dominicaines à exclure Pierre Espérance de cette liste et à mettre un terme à tout acte de harcèlement et de représailles à son encontre, ainsi qu’à l’encontre de tous les défenseurs des droits humains.
L’Observatoire demande d’exclure immédiatement Pierre Espérance de la liste des personnalités haïtiennes représentant une menace pour la République Dominicaine et interdites de séjours dans le pays ; de mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de Pierre Espérance et de l’ensemble des défenseurs des droits humains afin qu’ils et elles puissent poursuivre leurs activités légitimes de défense des droits humains en toute sécurité, sans entrave ni crainte de représailles.
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