Haïti – criminalité : le BINUH dit avoir documenté plus de 1.860 victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements dans l’ensemble du pays, entre avril et juin 2023

Le Bureau des Nations Unies en Haïti a publié jeudi, son nouveau rapport trimestriel sur la situation des droits de l’homme en Haïti. Le BINUH a indiqué avoir documenté plus de 1.860 victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements dans l’ensemble du pays, entre avril et juin 2023, soit une augmentation de 14% par rapport au premier trimestre.
« Avec 1.860 victimes, le second trimestre 2023 a enregistré une augmentation de 14% du nombre de victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements impliquant les gangs par rapport au trimestre précédent (janvier – mars 2023) » selon le rapport.
Les lynchages, dans le cadre d’un mouvement connu sous le nom de « Bwa Kalé », ont causé la mort d’au moins 238 individus présumés associés aux gangs. « Entre le 24 avril et le 30 juin 2023, au moins 238 membres présumés de gangs ont été tués par la population et les « groupes d’autodéfense » participant à ce mouvement.
Frustrés par la faiblesse des institutions étatiques, des habitants armés de machettes, de pierres et de bidons d’essence ont brutalement empêché les membres de gangs et toute personne présumée affiliée à des gangs de pénétrer dans leur quartier. Certaines victimes ont été lapidées ou mutilées. D’autres ont été brûlées vives dans les rues, tandis que la police assistait passivement à ces scènes. Des victimes ont aussi été soustraites à la garde de la police avant d’être lynchées. Au 30 juin, bien que le nombre de meurtres ait diminué, le mouvement se poursuivait.
« Si certains de ces lynchages semblaient spontanés, d’autres ont été́ encouragés, soutenus ou facilités par des policiers et des membres de gangs appartenant au G-9 et alliés. Le mouvement a également été́ incité par des messages diffusés par des personnalités publiques dans des émissions de radio et des médias sociaux », a fait remarquer le BINUH.
La violence continue de s’étendre dans l’Artibonite toujours selon le rapport du BINUH
L’expansion de la violence s’est également poursuivie dans le département de l’Artibonite (13% des cas), notamment dans les communes de L’Estère, Liancourt et Petite Rivière de l’Artibonite.
Les violences sexuelles, notamment le viol et l’exploitation sexuelle, ont continué d‘être utilisées dans les zones contrôlées par les gangs comme une arme pour répandre la peur et punir les populations.
Le recrutement d’enfants dans les rangs des gangs et leur participation dans les enlèvements, vols et autres activités criminelles demeurent préoccupant.
L’Expert désigné sur la situation des droits de l’homme en Haïti a effectué sa première visite officielle dans le pays. Il a appelé la communauté internationale à soutenir la transition vers un système de gouvernance renforcé et déployer une force internationale spécialisée pour renforcer la police nationale d’Haït
En guise de conclusion, le BINUH recommande à la communauté internationale de maintenir Haïti sur l’agenda international et envisager d’urgence le déploiement d’une force d’appui spécialisée dans des conditions conformes aux normes et standards des droits de l’homme.
Le BINUH recommande au gouvernement haïtien lutter contre la contrebande et les flux incontrôlés d’armes et de munitions illicites, de rétablir les services et les projets sociaux, en particulier dans les zones contrôlées par les gangs, de renforcer la disponibilité, l’accessibilité et la qualité des structures de soins médicaux et psychosociaux pour les survivants de violences sexuelles, ainsi que renforcer les capacités de la police et du système judiciaire pour lutter contre l’impunité en matière de violences sexuelles, de soutenir le système judiciaire, en particulier en établissant des pôles judiciaires spécialisés pour lutter contre la corruption et les crimes de masse, y compris ceux qui impliquent des violences sexuelles.
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