Des aveugles-rois dans le royaume des borgnes

Entre dormir et se réveiller, il y a une constante: la conscience instantanée. Elle est immédiate et irréfléchie. Il ne t’appartient pas de choisir lorsqu’il s’agit du sommeil ou du réveil.
Néanmoins, certaines circonstances savent avoir prise sur ces deux conditions dont le danger imminent et la souffrance aiguë. L’être vivant, l’animal ou l’humain, sur les autres, sont assujettis à cette loi.
En Haïti, dans ces années folles, il y a l’impression qu’aucune loi ne nous régit plus, sinon celle de l’avidité excessive pour certains et de l’apoplexie pour d’autres.
« Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ». Un proverbe connu dans la Grèce antique, repris par le philosophe néerlandais, Didier Érasme dit Érasme de Rotterdam, qui traduit la situation que parmi des gens stupides et ignorants, une personne de peu d’intelligence et d’un maigre savoir, passe pour un génie.
Mais en Haïti, dans ces années folles, ceux qui passeraient pour des borgnes se comportent tels des aveugles ignorants qui se laissent entraîner dans le gouffre de la merde comme des fantoches.
C’est un monde à l’envers où la bêtise humaine est acceptée pour éviter de froisser, où le tact est plutôt de la lâcheté.
On refuse d’agir comme il faut pour préserver l’on ne sait quel privilège.
La société haïtienne légitime le mensonge, « le maronnage », l’interdit et l’inacceptable pour préserver sinon une image, du moins un avantage.
Des aveugles-rois au royaume des borgnes, c’est un spectre de désintégration, l’acceptation d’un sort macabre imposé par des aveugles qui n’ont aucune conscience, aucune réflexion des réalités, aux borgnes qui regardent dans des miroirs opaques, l’indifférence des eaux-troubles qui les charrient vers le désastre.
Cette Haïti où des aveugles règnent sur des borgnes est celle de la désespérance, de l’incertitude et des inquiétudes multiples.
Il faut reprendre le contrôle. Il faut renverser le vase. Il faut retrouver la voie de l’espérance. Il faut se reconstruire.
Nous ne méritons pas nos aveugles gouvernants, même si on le prétend. Nous valons mieux. Nous voulons mieux aujourd’hui.
Nous devons nous réveiller, sortir du sommeil léthargique qui nous soûle et nous empêche de prendre le pas sur nos inconforts.
Il faut une nouvelle Haïti aujourd’hui et pas demain.
Je vous invite à une prise de conscience générale. Entre dormir et se réveiller, je vous invite au réveil.
Jackson Joseph pour la nouvelle Haïti ?? !