Agir ou partir ? Un texte de Jackson Joseph

Ariel Henry, incontinent, danse et se vautre dans les noirs plaisirs que s’offrent généralement les hommes de pouvoir banals. Les informations feraient croire que comme d’autres avant lui, aucune femme de son gouvernement ne s’en sort indemne. Il joue sur le sexe et l’alcool. Il est toujours soûl apparemment. Il faut être bon observateur, le pays s’effondre, et lui, ne ramollit pas sur ses 73 ans. Il ne paraît pas vraiment avoir de soucis. C’est comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
Un de mes étudiants s’en est pris à mes textes et à moi. Il ne croit pas que tous mes écrits permettront d’aboutir à un résultat sérieux, à un changement, parce que, selon lui, même les gens qui prétendent être des lettrés, lorsqu’ils ne restent pas totalement passifs, se font les complices des plaisirs malsains d’Ariel Henry et des maux du peuple.
Il faut juste observer une Emmelie Prophète Milcé, double ministre de la Culture et de la Justice. Superbe romancière, mais petit jouet obéissant sous le joug de l’infâme Henry. Et même qu’il y a des intellectuels que le pays encense, tel un Sauveur Pierre Étienne par exemple, et d’autres avec lui, qui sont là, silencieux comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Mais qu’ont ils dans la bouche pour ne pas pouvoir parler, pour ne pas pouvoir dénoncer le mal-être haïtien?
On a presque l’impression qu’il n’existe plus personne pour défendre Haïti. Lors même que Dany Laferrière se réclame du pays, quelle est sa position sur l’enfer dans lequel est plongée Haïti ? Qui nous défend au final? Qui dénonce? Qui a la voix pour influencer une large part du monde sur le calvaire de la première République noire? Mais qu’est ce qu’ils ont dans la bouche pour les empêcher de s’opposer aux bourreaux de ce peuple meurtri?
Par le passé, des hommes immenses, des intellectuels conséquents savaient porter nos revendications: Demesvar Delorme, Antenor Firmin, Jean Price Mars, Georges Sylvain, Dantès Bellegarde et beaucoup d’autres. Mais aujourd’hui, Lionel Trouillot ne dit plus rien, Yanick Lahens, et tous les autres. Pourtant, c’est un faisceau qu’il faut pour sortir le pays de la boue. Ce n’est pas notre silence ou les petits discours académiques qui ébranleront les bases des malades tels que ceux qui détiennent le pouvoir en Haïti aujourd’hui.
Mon élève s’en est pris à mes textes parce que, en vérité, il croit plutôt que seules les actions comptent surtout en des temps où ce sont des incultes qui dirigent.
Alors, faut-il agir ou partir? Nous ne pouvons et ne devons plus compter sur nul autre que sur nos actions pour forcer le changement. Cela doit être notre plus grande bataille jusqu’à ce que la vie reprenne son droit de cité chez nous.
Un peuple ne doit pas fuir sa patrie en temps de crise, au contraire, c’est le moment pour lui de raffermir les liens et de montrer aux potentiels ennemis qu’il ne cédera rien de son héritage. Agir ou partir! Nous invitons à l’action toutes les vraies filles et tous les vrais fils de la nation.
Jackson Joseph pour la nouvelle Haïti !
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