Affrontements armés à Cité-Soleil, Croix-des-bouquets et Tabarre: plus de 226 civils tués, blessés ou portés disparus, selon le BINHU

Le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti a présenté, ce lundi, un nouveau bilan des actes de violences enregistrés entre le 24 avril et le 16 mai 2022, dans plusieurs communes de la région métropolitaine de Port-au-Prince, notamment Cité Soleil, Croix-des-Bouquets et Tabarre, en proie à une vague de violence sans précédent en raison de luttes de territoire entre gangs lourdement armés.
« Selon les informations recueillies par le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH), en moins de trois semaines, plus de 226 résidents ont été tués, blessés ou ont disparu (201 hommes, 14 femmes et 11 enfants). Des dizaines de cas de violence sexuelle ont aussi été rapportés. À ces chiffres s’ajoutent au moins 96 morts et blessés parmi les éléments des gangs. Également près de 16.000 personnes ont été contraintes de fuir leurs habitations pour se réfugier dans des sites de fortune ou chez des proches. », détaille un rapport du BINUH.
Ces actes sont l’œuvre des groupes criminels très connus, soulignent les Nations Unies citant notamment les gangs « Chen Mechan » et « 400 Mawozo » et leurs alliés respectifs, « G9 en famille et alliés) et « G-Pèp ». Les leaders de ces gangs sont aussi des bandits notoirement connus.
Alors qu’il est très reproché d’avoir facilité la fédération des gangs en Haïti, le BINUH a fait savoir que les alliances entre gangs leur ont permis de coordonner certaines attaques simultanément dans plusieurs quartiers et de maintenir leurs opérations sur une période de trois semaines, avec quelques jours de répit.
« Ces alliances ne sont pas nouvelles dans la mesure où elles étaient devenues un enjeu de première importance au cours de l’administration du Président Jovenel Moise en mettant aux prises différents gangs autour de luttes d’influences. », estime le BIBUH. Il en profite pour dénoncer le fait que les récents affrontements enregistrés à Cité Soleil, Croix-des-Bouquets et Tabarre se poursuivent et se sont même renforcés avec probablement l’implication d’acteurs politiques et économiques, voire d’anciens éléments de la police, déjà à l’œuvre à l’époque.
Ce cycle de violence doit absolument être arrêté et des actions doivent être prises dans les plus brefs délais pour lutter contre cette impunité et rétablir les victimes dans leurs droits. Les populations haïtiennes ne supportent plus cette situation, réclame le bureau intégré des Nations Unies. Il propose aux autorités compétentes en autres de soutenir et coordonner les différents services de la police judiciaire en vue d’exécuter les mandats d’amener émis contre les chefs de gangs impliqués dans les exactions, d’ouvrir le plus rapidement possible des enquêtes judiciaires sur les exactions commises dans les zones affectées par les affrontements, soutenir les magistrats pour que leurs enquêtes puissent aboutir et donner les moyens nécessaires aux cours et tribunaux pour assurer que les auteurs de ces crimes soient appréhendés et jugés, renforcer et coordonner les services de prise en charge d’urgence des victimes de violences sexuelles ainsi que leurs familles, notamment les soins de santé et le soutien psychosocial et psychologique et enfin relocaliser très rapidement le tribunal de Port-au-Prince et le Parquet dans une zone sécurisée de la capitale afin de permettre aux différents acteurs du système judiciaire de reprendre leurs activités dans les plus brefs délais.
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