Affaire Dorval : Exaspéré, le juge Rénord Régis s’est tourné en vain vers le CSPJ

Tout mais vraiment tout semble clairement indiquer que l’Administration de Jovenel Moise cherche à tout prix à faire obstacle à l’instruction du dossier relatif à l’assassinat de Me Monferrier Dorval. Le dernier acte en date qui confirme cette thèse est le refus systématique du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Bedford Claude d’exécuter les ordonnances rendues par le juge Rénord Régis, en charge du dossier.
Une situation qui exaspère le magistrat instructeur qui s’est vu obliger de se tourner vers le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. Dans une première correspondance adressée au CSPJ en date du 14 Juin, le Juge Régis a exprimé ses regrets face à l’attitude du chef du parquet de la capitale. Aussi, a-t-il demandé au Conseil de s’informer auprès du ministre de la justice, le supérieur hiérarchique de Me Bed Ford Claude, des raisons ayant motivé un tel comportement.
Le Juge avait rendu plusieurs ordonnances dans lesquelles il a demandé au chef du parquet de citer à comparaitre devant lui à titre de témoins pas moins de 8 personnes dont Guichard Doré, conseiller spécial de Jovenel Moise et la première dame, Martine Moise. Le magistrat avait proposé la date du 17 Juin pour auditionner la femme du chef de l’Exécutif. Et c’est à cette même date que la direction logistique de la Police nationale, sur instruction du Directeur Général a.i, Léon Charles, avait décidé de désarmer les policiers affectés à la sécurité du magistrat Rénord Régis. A cette même date aussi Martine Moise avait choisi d’accompagner son mari-président en Turquie.
Dans une seconde correspondance adressée toujours le 14 Juin au CSPJ, le Juge d’instruction, Rénord Régis s’est montré également très acide envers les membres de l’instance administrative et disciplinaire du pouvoir judiciaire.
Il reproche à ces derniers de n’avoir rien fait pour lui permettre de disposer des moyens nécessaires pour mener à bien l’instruction de ce dossier politico-judiciaire extrêmement sensible.
« Je vous écris avec un sentiment de honte et de déception du fait que, j’ai pu constater que vous vous montrez n’être pas concernés par les problèmes des magistrats », fulmine Me Régis. Le Magistrat s’insurge contre le fait qu’aucune suite n’ait été donnée à des correspondances adressées le 13 Octobre 2020 et le 14 Mars dernier au Conseil alors qu’il fait quotidiennement l’objet de menaces.
« Votre mutisme laisse à désirer. Vous pourriez être considérés comme responsables au cas où je serais victime dans l’exercice de mes fonctions », écrit le juge le magistrat instructeur.
Il faut dire que le juge Rénord Régis et sa famille se sont mis à couvert depuis le 20 Mai, jour au cours duquel il avait rendu les ordonnances demandant au commissaire du gouvernement de citer à comparaitre devant lui en qualité de témoins les 8 personnes pour être auditionnées sur les faits d’assassinat, de vol à main armée et d’association de malfaiteurs commis au préjudice de l’ancien bâtonnier Monferrier Dorval.
Cet éminent professeur de droit constitutionnel a été abattu chez lui le 28 Aout 2020 par des bandits. 6 individus ont déjà appréhendés dans le cadre de l’enquête ouverte sur cette affaire dont plusieurs proches du Régime PHTK.